Le texte de mon allocution de dimanche passé au Forum des idées pour le Québec.
Bonjour mon nom est Sylvain, je viens de l’internet.
J’ai écouté avec attention toutes les conférences cette fin de semaine, et je remercie M. Audet pour son tour d’horizon.
Mais je veux vous jaser d’internet 10 minutes avant d’ouvrir la conversation avec vous. L’internet, on pourrait dire que je suis tombé dedans quand j’étais petit.
Je suis né à Rimouski, mon père était programmeur-analyste chez Québec Téléphone.
J’ai toujours été nerd.
Avec des lunettes pis toute, premier dans le rang d’école, choisi dernier pour l’équipe de ballon chasseur.
Je vous raconte ça pour vous donner le contexte, j’ai grandi avec des ordinateurs, qu’on apprenait à programmer dans les magazines américains qu’on allait emprunter à la bibliothèque de Châteauguay.
Et cette idée de pouvoir “faire” des programmes, d’apprendre comment ça marche en les modifiants, en se rendant compte de ce qui ne marche pas aussi, ça m’est toujours resté.
En plus, je suis un curieux compusilf. Furieusement autodidacte.
Quand j’ai découvert internet au début des années 90, je n’en revenais pas.
Un livre qui n’avait pas de dernière page. Il y en avait toujours plus à lire.
Je suis de la culture des premiers hackers internet, ceux du MIT à Boston et du SAIL à Palo Alto.
C’est gens là étaient les plus brillants scientifiques de multiples domaines, qui ont gravité vers les “ordinateurs” pour résoudre les grands problèmes de l’humanité.
Et ces grands esprits (vous pouvez lire leur histoire “where the wizards stay up late”), ont appliqué la méthode scientifique à cette informatique émergente.
Pendant qu’il étaient en train d’inventer les bases du réseau des réseaux, il est arrivé une autre chose intéressante. Dans la Silicon Valley, comme on commençait à la nommer, un modèle d’investissement de capital privé se mettait en place, pour capitaliser (et commercialiser) les recherches, très souvent issues de fonds publics.
Saviez vous que le père du capital de risque moderne était un français? Georges Doriot. Vous lirez “Creative Capital”.
Et c’est cette combinaison extraordinaire qui a fait de la Silicon Valley ce qu’elle est, les entrepreneurs sont des scientifiques, des ingénieurs, soutenus par le capital intelligent (on espère).
Je vous raconte ça pour vous donner du contexte.
J’ai été travailler deux fois en Californie. Je suis revenu deux fois aussi. Je ne sais pas si jamais 2 sans 3 s’applique ici, seul le futur nous le dira.
Mais sans blague, si j’ai quitté San Francisco, ma deuxième ville préférée au monde, après Montréal, et si j’ai quitté Twitter, ou j’ai assez bien payé merci, on a même eu un IPO, si je suis avec vous ici ce matin c’est parce que je suis un hacker.
Hacker, dans le sens positif là. Et il n’y a rien de plus attirant pour un hacker qu’un système qu’il faut développer (et ou débugger).
Un hacker, ça jubile quand ça trouve un problème que tout le monde s’accorde pour dire qu’il est impossible à régler.
Vu que ça veut régler des problèmes impossibles à régler, ça prends tous les moyens nécessaires.
Entre autre, ça veut dire que ça demande à tout le monde, comment tu ferais ça toi? Pas parce que ce sont des socialistes aux cheveux longs, mais parce que ce problème là, il va le régler. Il a besoin des autres pour le régler. Le plus grande humilité intellectuelle commence avec “je ne sais pas”.
Pour manger tout un éléphant, on commence par une bouchée. Un hacker, ça divise les grands problèmes en plus petits problèmes. ÇA se fait une liste des “bugs” des trucs à régler. Ça tente de les reproduire.
Un bug qu’on ne peut pas reproduire, c’est un code 14 (entre la chaise et le clavier). Ça règle les bugs un par un.
Ça ajuste ça liste constamment, parce qu’on découvre en cours de route plein de choses qu’on avait pas imaginé.
C’est pour ça que c’est ridicule les évaluations des projets informatiques.
C’est comme demander, combien de temps ça prends pour construire un véhicule, ça coûte combien? Une trotinnette ou un F18?
Souvent quand on parle d’innovation, j’ai l’impression qu’on se dit que ça nous prends un “véhicule”…
Ça n’aide pas. Ça prends essentiellement une méthode.
C’est ça que j’ai appris depuis 20 ans, dans mes compagnies et chez Twitter, et c’est ce que j’enseigne à mes startups à FounderFuel.
350 compangies ont appliquées cet automne. On en a choisi 8. Beaucoup d’ailleurs. Qui veulent rester ici d’ailleurs. Ça montre l’intétêt.
Donc une méthode. Ça ce virus que je vais tenter de vous transmettre.
Faites attention, je suis un hacker, vous l’avez peut-être déjà sans le savoir 😉
Pourquoi Twitter, sérieusement qui l’aurait cru, pourquoi cette compagnie vaut maintenant 32 Milliard?
Elle optimise au maximum toute les méthodes des hackers pour créer une immense valeur à partir de rien.
Ben pas de rien, à partir de cellules grises. C’est super renouvellable en plus comme matière.
C’est pour ça que je parle de “Plan Nerd” plutôt que de “Plan Nord”.
L’ère industrielle et des ressources naturelles, c’était le 20ème siècle. Ça ne va pas disparaitre.
Mais il s’ajoute toute une couche additionnelle de valeur, Michelle Blanc avait de bons chiffres hier.
On ne peut pas ne pas profiter de cette nouvelle richesse.
Je disais hier à la blague, l’économie ça ne m’inquète pas.
Je n’en reviens pas qu’on donne tant d’efforts pour réduite les dépenses par rapport à augmenter les revenus. L’un n’exclut pas l’autre, je le sais bien, mais me semble qu’on pourrait au moins mettre des efforts égaux.
La mine qui va nous sortir du trou (ok, mauvaise métaphore), la matière première de l’ère du savoir, de la société en réseau, elle n’est pas dans le sol, elle est dans la tête des Québécois.
Et pis là, on est tous en réseau. Il faut apprendre à travailler ensemble. À collaborer. Sinon, on va passer à côté.
Sinon on va manquer la bateau et devenir un pays du tiers monde numérique.
Je ne veux pas ça. Vous non plus. Pis le bateau, il a déjà commencé à quitter le quai.
15% du 21ième siècle est déjà passé.
Alors j’ai besoin de vous. Comment on collabore ensemble?
Comment on fait la liste des “bugs” du Québec?
Est-ce qu’on les comprends. On les priorise.
On les règle un par un. Ensemble.
On se donne des métriques publiques. Redevabilité.
On se donne un plan, on décide ou on s’en va,
Et on commence à manger l’éléphant, une bouchée à la fois…
Merci.
3 thoughts on “Le plan nerd, version #ForumQc”