Une des fonction essentielle de ce blogue (depuis plus de 10 ans!) est de servir à relater en public ma carrière et mon état professionnel. Sachez qu’à partir de vendredi cette semaine, je ne serais plus employé de ma propre compagnie, Needium. D’un commun accord avec mon co-fondateur et frère d’armes Sébastien, nous avons remis notre démission au conseil d’administration (vous pouvez lire sa version ici).
J’ai eu la chance d’explorer cette fascinante intersection du local et du social depuis l’été 2006. Initialement de manière informelle et en septembre 2007 de manière très sérieuse, avec des contrats long comme ça, des avocats à 600 piasses de l’heure et surtout les moyens de nous entourer d’une équipe extraordinaire pour refaire le monde, un clique de vote à la fois (des années avant les désormais célèbres likes et checkins).
On a eu le privilège même d’être full zeitgeist il y deux ans et on a fait un pivot avec notre startup, de Praized à Needium. Ça aura été un trip de 5 ans complètement hallucinant. Si c’était à refaire, je le referais n’importe quand (mais pas demain matin, je me donne quelques semaines pour reprendre mon souffle un peu). Le plus intéressant dans tout ça, n’est pas documenté dans les médias sociaux. Ou peut-être, pour ceux qui nous connaissent assez bien. Si la vraie vie c’est dans le gris, c’est aussi entre les lignes quelle se lit.
Nous ne sommes plus à l’ère “d’un bon boss pis d’une job steady”. C’est parce que je suis essentiellement rebelle et fonceur que j’ai décidé il y longtemps que je serais mon propre patron et que je prenais ces risques. Je ne compte plus les compagnies ou j’ai été co-fondateur (c’est faux, le vrai chiffre c’est 3 ou 4, selon qu’on considère Needium séparé de Praized ou non). Il y en aura 3 ou 4 autres c’est certain. Je suis aussi aviseur de quelques projets de startups de Montréal avec beaucoup de potentiel, ce sont quelques belles opportunités pour contribuer et collaborer à l’écosystème. Mais ça reste quelques heures par mois, au maximum.
J’ai plein d’énergie. Des mots à écrire, du code à partager sur github, des nouveaux projets à imaginer, à créer. Je demeure actionnaire d’une compagnie dont je suis extrêmement fier, ces cinq dernières années ont été pour moi des plus enrichissantes. Je sors de cette ride de montagnes russes exalté et un homme meilleur, à tout points de vues (pour citer Sébastien). Mais la réalité des entreprises en croissance, c’est que la phase d’idéation, de création et de construction d’une plate-forme technologique n’en est pas la finalité. Au contraire, c’est juste la première étape. Il faut y imbriquer le modèle d’affaire, mettre en place les ressources pour croître, rapidement si possible. C’est fait. Ça roule. Ça vends. Ça croît. Mais avec un peu de recul, je me suis demandé quelle était ma place dans tout ça et bien honnêtement je m’y retrouvais de moins en moins.
Le plus difficile en quittant cette aventure extraordinaire, c’est de devoir dire adieu à des collègues et des amis. Une des leçons de gestion que j’ai apprise à mes début (chez Public Technologie Multimédia, par Jean-François St-Arnaud, un de mes premiers mentors), c’est qu’il faut s’entourer de gens meilleurs que soit. Que de toute manière, il y a toujours plus à faire dans une compagnie, si on s’entoure le mieux possible, on ne devient pas caduque, au contraire on se multiplie. C’est ce qui est arrivé chez Praized et Needium. Ce que je suis devenu, ce que nous avons réussi, c’est au travers des efforts et des bons coups les uns des autres, je les remercie du fond du coeur. Les liens que nous tissons autour de nous sont les traces les plus durables de notre passage.
De manière très consciente, j’ai voulu mettre en place l’architecture de la compagnie tout autant que celle des plateformes, et bien malgré moi, cette vaste cathédrale que nous avons érigée n’est plus le bazar qui me fascine et me passionne tant… Je suis certain que Needium aura un succès commercial à grande échelle, avec le temps (et les moyens). Mais je m’ennuie de coder. D’écrire. D’inventer. Je ne suis pas un homme d’affaire, je suis un maker, un gosseux dans l’code, un patenteux avec du duct tape pis des serveurs dans le cloud, un geek à plume qui a le blues des réunions dans un salon avec un tableau blanc sur pattes et tout à créer. Une de mes (para)phrases préférée de 2011 est de Chris Dixon, un entrepreneur new-yorkais: “everything that has not yet been disrupted by the internet, will be“. J’entends bien faire ça au cours des prochaines années.
J’ai plein de trucs à vous raconter qui ne se racontent pas sur internet. On ira prendre quelques bières. Je suis très serein et d’un calme déconcertant pour un gars d’ordinaire si volubile. Cue Édith Piaf: Non, rien de rien, je ne regrette rien. Je le répète, ce furent des années fantastiques. Il y a une métaphore de bateau pirate qui devrait me servir de conclusion, mais je vous la garde pour le prochain billet… d’ici là, vous savez ou me retrouver, comme d’habitude, sur internet, ici et ailleurs. Je serais disponible après quelques semaines de repos (mérité). Mais faites moi signe, je suis curieux d’entendre vos idées. Je ne sais pas ou je vais me retrouver, j’ai une bonne idée de ce que je ne veux pas faire, mais je n’ai aucune idée de tout ce que je pourrais faire…
Cue Frank Sinatra (here’s the backstory and the lyrics). Or better yet, the Limp Bizkit version. One thing has been pretty constant with this blog (over the last 10 years): it’s my soapbox and it’s the best place to make these professional and personal announcements.
Next Friday will be my last day at Needium. I have resigned from my own startup. Seb is also announcing the same thing on his blog. We decided together that after building two startups in 5 years (Praized, then Needium) it was time for us to move on, to set sail for new and unexplored seas.
The great thing when you build a startup, when you architect your company as much as your platform, is that given the time and the means, these things scale, mature and somehow get a life of their own. I am really proud of what we have collectively built in those 5 years. It was a fantastic roller coaster ride (ask any startup founder about it). I had the privilege to work with an awesome team. I wish them the best of luck going forward.
Our company is now at another phase of it’s life, it’s all about sales, revenues, market share. As a shareholder, I hope to see it grow and continue scaling in this emerging social media market for SMBs. But as a maker, hacker, thinker, tinkerer, builder, as a geek artiste, I had to admit to myself that my heart was no longer in it. Over the last few months, I probably went thru the classic stages of grief… and now am completely at peace with this decision.
Starting next Monday, I will roam free for a while, then probably settle down… somewhere.
Between now and then, you know where to find me, I’m always on the internet. I will be looking for new challenges. I will be loosing sleep and obsessing about new things that needs to be solved, created, developed, shipped and iterated. Of course. I will also take a few well deserved weeks of vacations. Somewhere between two and six. Or not. Who knows?
I have also written a longer, more personal version of this post in French; Le coeur a ses raisons, que la raison ne connaît point. If you can’t read French, I would gladly share with you the nuances I added in this other version. But it would most likely require meeting in person (f2f) and the right atmosphere. Not *that* hard to make happen…
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